Conversation avec Caroline Tremblay, conseillère en stratégie d’impact social

Caroline est conseillère en stratégie d’impact social chez Credo.

Membre essentiel de l'équipe Credo, Caroline se distingue par son engagement et sa passion. Sa détermination à atteindre l'excellence et sa rigueur en font une personne clé au sein de l’équipe. Lorsque la situation l'exige, elle aborde sans hésitation des questions difficiles et fait preuve d'une grande honnêteté, illustrant ainsi son attachement à ses valeurs et son désir de faire avancer ses clients tout comme ses collègues. 

Nous avons eu envie, le temps d’une conversation, de mettre les projecteurs sur elle et l’écouter se raconter.


Rencontre.


Peux-tu nous parler des moments marquants de ton parcours ?

Après l'obtention de mon baccalauréat, j'ai réalisé que je n'étais pas prête à entrer sur le marché du travail et que je ne savais pas quelle orientation professionnelle choisir. Mon diplôme en Études Est-asiatiques ne m'ouvrait pas de perspectives professionnelles spécifiques, ce qui m'a conduit à entreprendre une année d'études supplémentaire en Chine. Au-delà de l'aspect enrichissant de ce voyage à l'étranger, cette expérience m'a permis de prendre conscience de nombreux enjeux sociaux et environnementaux qui étaient plus visibles en Chine qu'au Québec. À mon retour, au lieu de me contenter d'une vision patriotique de ma terre natale, j'ai réalisé que les enjeux sociaux et environnementaux auxquels j'avais été sensibilisée à l'étranger étaient tout aussi présents ici, mais que je n'en avais pas conscience en raison de mon niveau de privilège. Ironiquement, c'est lors d'un autre voyage en Chine que j'ai finalement décidé d'orienter mon parcours professionnel vers l'impact. En effet, alors que j'occupais le poste d'acheteuse pour une entreprise de commerce de détail, je me suis rendue à Guangzhou pour assister au Canton Fair, le plus grand salon commercial au monde.

L'immensité de l'événement et la quantité de biens de consommation éphémères mis en valeur m'ont choquée, mettant en lumière l'ampleur de notre système de consommation, difficile à saisir au quotidien. Malgré la présence de produits soi-disant « éco-responsables », aucune information n'était échangée quant aux réels impacts des produits, laissant croire que ces attributs n'étaient qu'une réponse à la demande d'acheteurs cherchant des produits commercialisables à leurs consommateurs plus consciencieux. En tant que consommatrice responsable dans ma vie privée, j'ai réalisé que mon travail quotidien était complètement incohérent avec mes valeurs personnelles. C'est à ce moment-là que j'ai remis en question mon parcours professionnel et décidé de faire une maîtrise en management et développement durable pour contribuer à changer les choses non seulement du point de vue de la consommation, mais aussi de la production.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de t’orienter vers l’innovation sociale ?

Au départ, je souhaitais me diriger vers le domaine du développement durable, ayant été sensibilisée progressivement dans ma jeunesse aux mouvements zéro déchet, végan et au boycott de la fast fashion par mon entourage. C'est pendant ma maîtrise en management et développement durable à HEC Montréal que j'ai découvert l'impact social en suivant un cours sur l'innovation sociale offert par un ancien collaborateur de Credo. Ce fut l'un de mes cours préférés, où j'ai probablement le plus appris, étant donné que j'étais peu familière avec l’économie sociale et le milieu communautaire. Ce cours m'a définitivement donné envie de contribuer davantage à ces domaines.

Peux-tu nous parler d’une réalisation que tu as eue sur l’impact social au travers de ton parcours ?

Personne ne peut résoudre un enjeu social ou environnemental seul, mais chacun a son rôle à jouer. De cette réalisation découlent deux constats : premièrement, il est important d'être humble et d'accepter ses propres forces et faiblesses en termes d'impact. Ensuite, les organisations doivent identifier les enjeux ciblés sur lesquels elles peuvent exercer un réel pouvoir d'influence, ce que l'on appelle chez Credo le leadership d'impact. Pour exercer ce leadership, il ne suffit pas de chercher à faire un peu mieux dans tous les domaines. Les dernières décennies nous ont montré que ces actions incrémentales n'ont pas réussi à faire bouger les indicateurs des principaux enjeux sociétaux de façon profonde et significative. Il est donc temps pour les entreprises de cibler les principaux enjeux qui les concernent et d'y investir le temps et les ressources nécessaires pour adresser les problèmes à la source et mettre en œuvre des solutions plus innovantes.

Tu as accompagné plusieurs organisations dans leur démarche d’impact. Peux-tu nous en parler ?

Au cours de la dernière année, j'ai eu l'opportunité de travailler sur une grande variété de projets chez Credo, allant de l'accompagnement d'entreprises vers la certification B Corp à la planification stratégique pour des fondations philanthropiques, en passant par la création de feuilles de route personnalisées pour la transition socioécologique et des programmes de formation sur divers sujets liés à la responsabilité d'entreprise

Notre accompagnement permet aux organisations non seulement de découvrir des sujets qu'elles n'auraient peut-être pas pris en compte autrement, mais aussi de recevoir des commentaires constructifs de la part de l'équipe de Credo pour les encourager à aller plus loin dans leurs ambitions et ainsi prévenir le « washing ». Par exemple, récemment j’ai travaillé sur un projet de formation pour une entreprise, suivi d'une cocréation d'un plan d'action pour améliorer la performance sociale et environnementale dans leur chaîne d'approvisionnement. Grâce à l'approche adoptée par Credo, nous avons déjà constaté des changements dans la profondeur des ambitions de l’équipe interne, ce qui contribuera à la réalisation d'un plan d'action à la hauteur des enjeux sociaux et environnementaux de notre temps.

Y a-t-il des causes, des secteurs ou des enjeux sociétaux qui te tiennent particulièrement à cœur ?

Personnellement, je m'intéresse beaucoup aux sujets de l'agriculture urbaine, durable et régénérative, au développement de la mobilité active, et à la transformation des villes pour qu’elles deviennent plus humaines et résilientes face aux changements environnementaux. J'ai également été impliquée pendant un temps dans l'Association québécoise zéro déchet et je continue d'appliquer les principes centraux (réduire, réutiliser, réparer) dans mon quotidien ainsi qu’au travail en promouvant l'économie circulaire. 

Dans un contexte professionnel, j'espère pouvoir aider nos clients à transformer leurs chaînes d'approvisionnement pour les rendre plus éthiques et durables. Ayant travaillé pendant plusieurs années dans le secteur des achats, c'est un sujet qui me tient particulièrement à cœur.

Y a-t-il des œuvres qui t’ont marquées et que tu aimerais nous recommander ?

Bien qu'ayant été publié pour la première fois en 1999, cet ouvrage est malheureusement toujours d'actualité. Écrit d'un point de vue journalistique, il relate l'évolution de la dominance des marques dans notre économie, s'immisçant dans nos vies dès le plus jeune âge. Il met en lumière comment ce phénomène a contribué à l'émergence de toutes sortes d'enjeux liés au marché du travail dans les pays développés, à l'exportation de la production dans des lieux aux réglementations faibles ou inexistantes, et à la consolidation du pouvoir dans une poignée de grandes entreprises ayant une marque forte. 

Je vous recommande fortement de regarder ce documentaire. Ce dernier démontre les coûts sociaux et environnementaux que les entreprises du monde de la fast fashion externalisent sur les communautés défavorisées des pays en voie de développement. Il met en lumière beaucoup d'enjeux qui sont invisibilisés à travers les chaînes d'approvisionnement complexes et le pouvoir de négociation des grandes marques d'aujourd'hui. 

Pour les adeptes de jeux vidéos, je recommande celui-ci, car il offre une expérience unique à ses joueurs en leur permettant d'explorer un monde fascinant et mystérieux tout en suscitant chez eux des réflexions profondes sur la beauté et la nature éphémère des choses.

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